Vu la forte résistance manifestée par
Riel et ses partisans en 1869-1870, le lieutenant-gouverneur
Archibald du Manitoba craint, de toute évidence,
de traiter avec les Premières Nations de la rivière
Rouge. À l'été 1871, il demande
l'appui de membres de la milice en poste au fort Garry
avant d'amorcer les négociations avec les Moskégons
et les Chippewas pour le Traité 1. Lors de toutes
les négociations subséquentes, la Police
à cheval du Nord-Ouest assurera une présence
militaire à la Couronne.
Le Traité 1 est le premier des onze traités
numérotés signés par le gouvernement
fédéral et les Premières Nations
du Canada entre 1871 et 1921. Les sept premiers sont
signés entre 1871 et 1877 et couvrent la presque
totalité des Prairies canadiennes.
Les traités 1 et 2 (1871) sont négociés
avec les Moskégons et les Chippewas; ils portent
sur le territoire situé à l'intérieur
et à proximité de la province du Manitoba
nouvellement créée. Le Traité
3 (1873) est négocié avec les Saulteux
(Ojibways des plaines) et s'applique à la région
qui s'étend du lac Supérieur au lac
des Bois. Le Traité 4 (1874), négocié
avec les Cris et les Saulteux, couvre la vallée
de la Qu'Appelle-Assiniboine et la région à
l'ouest. Le Traité 5 (1875) est négocié
avec les Saulteux et les Moskégons, et touche
le territoire s'étendant de Le Pas, au nord
du lac Winnipeg, au fleuve Nelson. Le traité
6 (1876) est négocié avec les Cris des
plaines et les Cris des bois qui habitent ce qui constitue
aujourd'hui le centre de la Saskatchewan et de l'Alberta,
et s'applique à toute la zone fertile jusqu'aux
montagnes Rocheuses. En 1877, la Confédération
des Pieds-Noirs (composée des Pieds-Noirs,
des Kainahs, des Piégans, des Sarsis et des
Stoney) signe le Traité 7, qui couvre le reste
de la région, du lac Supérieur aux montagnes
Rocheuses, y compris ce qui est actuellement le sud
de l'Alberta.
La plupart des chercheurs s'entendent pour dire que
l'établissement des traités numérotés
par le gouvernement fédéral est davantage
fondé sur un pragmatisme économique
que sur la notion de « droits autochtones ».
Vu la violence et le coût élevé
des guerres indiennes aux États-Unis (les dépenses
des Américains pour les guerres indiennes sont
supérieures au montant total du budget fédéral
canadien durant les années 1870 et 1880), le
gouvernement du Canada cherche un moyen pacifique
de déloger les Premières Nations en
prévision d'une colonisation euro-canadienne
à grande échelle. Les Canadiens se considèrent
comme un peuple plus respectueux des lois que leurs
voisins et l'approche pacifique renforce cette perception.
Comme par hasard, on oublie que le résultat,
du moins en ce qui concerne les Premières Nations,
a été le même des deux côtés
de la frontière.