|
La bataille de Fish Creek,
Rébellion du Nord-Ouest
1885, Fred Curzon
Le contingent canadien de 8 000 hommes est organisé
en trois colonnes. Partant de Qu'Appelle, le major-général
Middleton mène la colonne principale vers le
nord et engage le combat avec les Métis à
Fish Creek (que l'on voit ici), sur la rivière
Saskatchewan Sud. Malgré sa supériorité
en nombre, la colonne de Middleton est incapable de
s'emparer de la coulée. Entre temps, à
partir de Swift Current, le lieutenant-colonel Otter
et ses hommes se dirigent vers le nord jusqu'à
Cut Knife Hill, où ils sont défaits par
le chef Poundmaker. Le major-général Strange
et ses hommes, dont le point de départ est Calgary,
se rendent à Frenchman Butte, où la bataille
contre le chef Big Bear résulte en un combat
nul.
[Pour en savoir plus]
Les médias de l'Est satisfont la curiosité
des Canadiens pour la Rébellion du Nord-Ouest
avec ce qui est considéré comme des
nouvelles instantanées (reçues par une
ligne télégraphique installée
depuis peu), des cartes souvenirs des champs de bataille
et des cartes postales portant l'image des chefs rebelles.
De nombreux membres de la milice se rendent compte
de l'importance de leur présence dans l'Ouest
et tiennent leur famille et leurs amis au courant
de la situation par leurs journaux personnels et leurs
lettres. Ces comptes rendus de particuliers associés
aux photographies officielles, à la correspondance,
aux rapports et aux notes de service des ministères
ont créé une précieuse mine de
renseignements dont les historiens se sont servis pour
produire un récit très détaillé
de la rébellion.
Mais quelle est l'histoire que ces documents préservent?
Le point de vue des Métis peut-il être
reconstitué à l'aide des documents qui
subsistent, puisque beaucoup de leurs auteurs ont
manifesté un profond mépris pour la
cause des rebelles? Malheureusement, nous ne trouverons
peut-être jamais de réponse à
ces questions, parce qu'une grande partie des souvenirs
sauvegardés par les participants métis
ne se sont jamais rendus jusque dans une institution
d'archives. Honoré Jaxon, le secrétaire
de Louis Riel durant la rébellion, a toujours
eu l'intention de créer une bibliothèque
ou un centre d'archives sur une terre qu'il possède
en Saskatchewan. Il fait même le tour de la
province, au cours des premières décennies
du vingtième siècle, pour recueillir
des papiers, des lettres, des journaux personnels
et des photographies, que les familles métisses
lui remettent volontiers, car elles connaissent ses
rapports avec Louis Riel et le rôle qu'il a
joué dans la rébellion. Selon un rapport
publié par Allan Levine dans le journal Ottawa
Citizen (11 janvier 2000), la collection d'Honoré
Jaxon se compose d'environ deux tonnes de documents
très précieux. Hélas, son rêve
ne se réalise jamais. En décembre 1951,
ses archives sont vendues à la casse pour payer
une dette de loyer lorsqu'il est expulsé, à
l'âge de 91 ans, de son appartement de New York.
Cet incident prive l'histoire du Canada de la mémoire
d'une génération entière de Métis.
|