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M. René Garneau For release Wednesday Jan. 11 [ 1950 - Rédacteur ] at 4:00 p.m. [ note écrite à la main - Rédacteur. ]
MÉMOIRE à LA COMMISSION D'ENQUÊTE SUR L'AVANCEMENT DES ARTS, DES LETTRES ET DES SCIENCES AU CANADA par
LA FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS SAINT-JEAN-BAPTISTE DU QUÉBEC*
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La Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec représente treize Sociétés Saint-Jean-Baptiste régionales de la province de Québec avec 270 sections (215 masculines, 40 féminines et 15 juvéniles ou collégiales) avec 37,000 membres. (Seule celle de Montréal n'est pas affiliée).
La première Société Saint-Jean-Baptiste a été fondée, à Montréal, le 24 juin 1834, par plusieurs personnalités de l'époque, particulièrement: Jacques Viger, premier maire de Montréal, son premier président; Louis-Hippolyte La Fontaine, père de notre gouvernement responsable et de la reconnaissance du français au Parlement; Georges-Etienne Cartier, l'un des auteurs de la Confédération et père de l'autonomie provinciale; Ludger Duvernay, journaliste et patriote. La Société Saint-Jean-Baptiste a des sections non seulement dans les principaux centres du Québec mais aussi en Ontario où elle a sa propre Fédération. Elle est l'une des plus anciennes associations du Canada. Parmi ses buts principaux, soulignons:
1) L'union des Canadiens français pour la sauvegarde de leurs traditions, leurs institutions, leur langue, leurs droits;
2) Le progrès de l'enseignement sous toutes ses formes, et le maintien de la vie paroissiale et familiale;
3) La protection de la vie de ses membres et de celle de leur famille.
La Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec, au nom de ses membres adhérents, désire exprimer à la Commission d'enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences au Canada ses convictions sur les sujets suivants:
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Elle croit que l'un des meilleurs moyens de favoriser le progrès au Canada dans les arts, les lettres et les sciences et l'éducation en général, est le respect de l'autonomie des provinces.
- II -
Elle croit que plus le bilinguisme (français et anglais) sera respecté dans tout le Canada, dans chacune des provinces, plus grande sera l'harmonie entre les deux grandes nationalités qui le composent de même qu'avec les éléments nouveaux qui se joignent à elles. Ce bilinguisme devrait particulièrement s'exercer dans le fonctionnarisme fédéral, dans l'armée, la marine, l'aviation, devant les tribunaux, etc... Si chaque province, à l'exemple de la province de Québec, permettait le libre enseignement du français et de l'anglais selon la langue maternelle des enfants, et sans double taxe, les progrès dans tous les domaines seraient grandement favorisés à l'avantage de la collectivité.
- III -
Elle verrait avec plaisir nos missions diplomatiques canadiennes faire connaître davantage le Canada tel qu'il est: pays à double culture, puissance internationale.
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- IV -
Elle est d'avis que Radio-Canada doit accepter la concurrence des postes privés, y compris la télévision. Elle espère que Radio-Canada augmentera le nombre des programmes français de choix venant du Québec au bénéfice des postes français des autres provinces.
- V-
Elle s'oppose énergiquement à l'immixtion de l'autorité fédérale, directement ou indirectement, dans le domaine de l'éducation. Elle n'est pas favorable aux octrois fédéraux, à moins qu'ils soient versés directement aux provinces qui en disposeront pour le plus grand avantage de la population.
- VI -
Elle voudrait que l'immigration serve au progrès de Canada; à cette fin, elle suggère:
1) Que le nombre des immigrants soit limité afin qu'un choix soit fait parmi ceux qui deviendront le plus tôt de véritables Canadiens;
2) Que, dès avant leur départ de leur pays d'origine, une littérature bilingue (française et anglaise dans la même brochure) leur soit remise afin qu'ils connaissent le Canada tel qu'il est, avec renseignements exacts et complets sur les groups ethniques qui l'habitent, etc...;
3) Qu'un nombre proportionnel d'immigrants soient admis par rapport à la population des nationalités anglaises et françaises du pays, de manière à ce que l'une ne soit pas plus favorisée que l'autre;
4) Qu'une enquête minutieuse soit faite sur les immigrants afin que l'entrée au pays soit interdite aux communistes, aux socialistes, aux autres fauteurs de discorde.
- VII -
Elle croit que les frictions entre le gouvernement central et ceux des provinces seraient éliminées si ceux-ci recevaient seuls les taxes qui leur reviennent par le pacte de la Confédération. Les provinces pourraient alors accroître leur aide à l'éducation, aux sciences, aux arts, aux lettres et dans les autres sphères de leur domaine, sans l'aide du gouvernement du Canada.
Le tout respectueusement soumis.
LA FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS SAINT-JEAN-BAPTISTE DU QUÉBEC,
par: - Le chef du secrétariat, Henri Laillier.
Québec, ce dix janvier mil neuf cent cinquante.
*Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec. Mémoire à la Commission d'enquête sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences au Canada. Québec : la Fédération, January 1950. 2 feuilles. Avec la permission du Bureau du Conseil Privé.
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