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CHAPITRE XXV*UN CONSEIL POUR LES ARTS, LETTRES, HUMANITÉS ET SCIENCES SOCIALES.[431]DANS les pages antérieures de cette seconde partie de notre Rapport où nous présentons nos conclusions et nos recommandations, nous avons traité de plusieurs institutions et organismes fédéraux déjà bien établis. Nous avons également formulé des propositions au sujet des universités canadiennes et des régimes de bourses d'études qui permettraient à la nation de mieux s'acquitter de sa responsabilité dans la formation des plus doués de ses jeunes gens. Si nous n'étions pas entièrement en terrain neutre, du moins nous occupions-nous là de sujets connus. Il nous reste à nous acquitter d'une autre obligation; celle de soumettre certaines propositions ayant trait à la création d'un organisme nouveau, à rôle mi-consultatif, mi-administratif, qui, nous en sommes intimement persuadés, serait en mesure de résoudre bon nombre de ces problèmes qui motivèrent, il y a environ deux ans, la formation de la Commission royale. Nous avons déjà fait mention d'un tel organisme, de façon directe ou implicite, lors de notre analyse des sociétés bénévoles, des bourses d'études, de l'état des arts libéraux et d'agrément, de l'UNESCO et des relations culturelles du Canada avec l'étranger; le lecteur, qui a bien voulu nous suivre tout au long de la première partie du présent Rapport, a senti, sans aucun doute, que nous avions présente à l'esprit la nécessité d'instituer un ou plusieurs nouveaux organismes gouvernementaux. 2. Nous en sommes venus à cette conclusion inévitable, dès le début de notre enquête, alors que nous écoutions les plaidoyers des diverses organisations bénévoles qui se succédaient devant nous. Ces organisations s'intéressent aux domaines les plus variés: théâtre, musique, arts et lettres, humanités et sciences sociales. Toutes (sauf deux ou trois exceptions) nous dirent ou nous laissèrent entendre que leur activité serait rendue incomparablement plus facile par l'existence d'un office central d'information qui jouerait en même temps le rôle d'intermédiaire entre elles et l'État; si un tel office pouvait réellement leur apporter une aide tangible, nous en serions les premiers ravis. Dès le début de nos délibérations, il nous parut évident que, pour aller droit à l'essentiel, il fallait décider du nombre et de la constitution intérieure de bureaux de ce genre; quant à leur nécessité, il ne semblait exister aucun doute. 3. Comme on le sait, l'article final de notre mandat nous donne instruction de faire enquête sur « les relations du gouvernement canadien et de l'un ou l'autre de ses organismes avec les divers groupements bénévoles d'envergure nationale qui intéressent la présente enquête ». Nous avons lu les mémoires ou entendu les exposés de 106 sociétés ou particuliers sur le besoin d'établir des relations plus étroites entre le gouvernement fédéral et les divers organismes bénévoles du pays; ce problème est également passé en revue, avec plus ou moins de détails, dans cinq études spéciales écrites à notre demande. En outre, plusieurs ministères et organismes de l'État nous ont fourni, sur ce point, des renseignements auxquels nous attachons un grand prix. Nous constatons une grande diversité dans les projets soumis par les sociétés bénévoles; ces projets vont d'un plaidoyer en faveur de la création d'un ministère des Beaux-arts et des Affaires culturelles à la négation du droit du gouvernement fédéral de s'immiscer dans les questions relevant des lettres et des arts; quant à la suggestion qui fut présentée sur la possibilité qu'il pourrait y avoir de transformer notre Commission en un Conseil national des arts à titre permanent, elle nous flatte et nous consterne en même temps. 4. Au risque d'une schématisation un peu trop poussée, nous exposerons les données des problèmes soumis à notre réflexion en les décomposant en propositions que nous examinerons l'une après l'autre. Ces propositions sont d'ailleurs de valeur et de complexité très différentes.
5. Voilà donc les principales difficultés, (et il y en a bien d'autres), que maintes sociétés et plusieurs particuliers animés d'un juste esprit civique nous ont signalées. Plusieurs de ces difficultés ont leur origine dans les dures réalités de notre configuration géographique et les conditions de notre économie. Si on ne peut les supprimer entièrement, on peut du moins y pallier par des mesures sages et des décisions énergiques, croyons-nous. De fait, nous semble-t-il, c'est un triple problème qui sollicite notre attention : les manifestations culturelles à l'intérieur de nos frontières; les échanges culturels avec l'étranger; les relations du Canada avec l'UNESCO. Nous n'avons pu qu'au prix de réflexions laborieuses décider si la solution de ce problème exigeait trois réponses différentes, ou s'il était possible de trouver une solution unique. 6. Une partie essentielle de notre enquête a été consacrée à recueillir des données aussi précises que détaillées sur la manière dont plusieurs nations sont venues à bout de ces problèmes d'ordre général; mais nous n'avons eu garde d'oublier, ce faisant, un vu qui nous avait d'ailleurs été exprimé avec grande netteté, dans son mémoire, par la Canada Foundation :
Pour nos conclusions concernant les deux derniers aspects du triple problème cité plus haut, soit les relations culturelles du Canada avec l'étranger et l'UNESCO, nous avons trouvé d'un intérêt et d'une utilité considérables l'expérience accumulée par les autres nations, comme cela ressort d'ailleurs clairement de la lecture des chapitres antérieures. Mais pour résoudre la question principale, qui est celle de l'aide nécessaire et efficace que le gouvernement fédéral peut accorder à l'activité culturelle du pays, nous n'avons guère pu, à une notable exception près, nous inspirer des expériences étrangères. Nos difficultés en ce domaine n'ont que peu de points communs avec celles qu'éprouvent les pays étrangers; de plus, dans ces pays, les problèmes de ce genre relèvent, dans la plupart des cas, d'un ministère central de l'Éducation nationale ou d'un ministère des Affaires culturelles, formules qui sont incompatibles avec la constitution du Canada; car, nous pouvons dire dès maintenant que nous ne saurions souscrire au projet qu'on nous a exposé et visant à la création d'un ministère des Beaux-Arts et Affaires culturelles. 7. Nous avons indiqué que nous sommes redevables, pour certaines de nos conclusions, à l'expérience d'un organisme étranger : en l'occurrence, le Conseil des arts de Grande-Bretagne. Il ne serait peut-être pas inutile d'en exposer brièvement, ici, l'origine et l'historique. En 1939, quand éclata la seconde guerre mondiale, les mouvements nécessaires de population et les conditions particulières que le « black out » imposait dans l'utilisation des loisirs menacèrent gravement l'avenir des arts et le sort des artistes anglais. Théâtre, musées, salles de concert durent fermer leurs portes. Mais, en même temps, on sentait bouillonner plus que jamais un intérêt général envers ces arts qui pouvaient apporter à la fois à la population un stimulant et une diversion. Ceux qui les avaient déjà goûtés souffraient d'en être privés; d'autres qui n'avaient jamais entendu de belle musique, ni assisté à une représentation théâtrale ni contemplé l'original d'un tableau, eurent le sentiment de ce qui leur avait ainsi manqué. Pour répondre à cette demande généralisée, une organisation privée, le Pilgrim Trust, offrit £25,000 pour l'encouragement des arts en temps de guerre, et un Conseil pour l'encouragement de la musique et des arts. (C.E.M.A.) fut créé au début de 1940. Ses premiers efforts furent couronnés d'un tel succès que, trois mois après sa fondation, la Trésorerie lui accorda une subvention de £50,000 à condition, cependant, que le Conseil recueillit une somme équivalente provenant de sources non gouvernementales; pendant deux années consécutives, le C.E.M.A. fut soutenu financièrement par la Trésorerie britannique et le Pilgrim Trust. 8. En 1942, la Trésorerie décida d'assumer toute la responsabilité financière de cette mesure essentielle du temps de guerre et augmenta rapidement le montant de ses subventions jusqu'à ce qu'elles atteignent, en 1945-1946, la somme de £235,000. Quand la paix revint en Europe, cet organisme, par ses principales initiatives, s'était déjà si intimement identifié au bien-être culturel de la nation, que le désir commun était de le maintenir en temps de paix. Le chancelier de l'Échiquier annonça donc à la Chambre des communes, en juin 1945, que cette organisation serait désormais établie à titre permanent et désignée sous le nom de Conseil des arts de Grande-Bretagne; il aurait pour but de répandre, dans le grand public, la connaissance, le goût et la pratique des arts. 9. Au cours de notre analyse de l'oeuvre et des travaux du Conseil des arts de Grande-Bretagne, nous avons remarqué avec un intérêt particulier que cet organisme semble pleinement conscient du danger que présente, pour les arts, les lettres et la culture d'un pays, tout système de subventions gouvernementales. Lors de sa création, en 1945, feu lord Keynes, qui en était alors président, prononça à la radio une allocution dont voici des extraits :
10. Un autre président du Conseil des Arts, sir Ernest Pooley, déclarait aux représentants des autorités locales de Grande-Bretagne, réunies à Londres, le 9 juin 1949, pour étudier la question du Festival de Grande-Bretagne:
11. Le Conseil des arts de Grande-Bretagne ne s'occupe de l'encouragement de la musique et des arts (particulièrement de la peinture et de l'art théâtral) qu'à l'intérieur des frontières de l'Angleterre. C'est à un autre organisme que revient la tâche de répandre à l'étranger la connaissance de la langue, de la littérature et de la culture anglaises et de nouer d'étroites relations culturelles avec les autres pays; cet organisme est le British Council, fondé par le Gouvernement de Sa Majesté en 1935. Nous avons passé en revue, dans un chapitre antérieur, ses buts et son oeuvre. Nous n'estimons ni désirable, ni nécessaire, la création chez nous d'un organisme similaire, chargé d'attributions semblables: c'est qu'à notre avis l'encouragement des arts et des lettres au pays ne saurait être dissocié de nos relations culturelles avec les nations étrangères. Un organisme distinct, chargé uniquement du soin de ces relations, serait superflu et n'aboutirait qu'à un chevauchement de fonctions et à un gaspillage de fonds parfaitement inutile. 12. C'est avec une grande attention que nous avons examiné les innombrables avis émis par les sociétés bénévoles, avis portant sur l'importance qu'il y aurait d'établir au Canada une commission nationale de l'UNESCO (que la constitution même de cet organisme prévoit) afin de rendre aussi efficace que possible en notre pays le travail de l'UNESCO et de nous permettre de nous acquitter convenablement de nos propres obligations à l'étranger. Nous avons examiné bon nombre de projets afin d'y découvrir un plan précis et détaillé pour la création d'un organisme répondant au but essentiel de l'UNESCO, qui est de faciliter, à l'échelle mondiale, les échanges éducatifs et culturels, clefs de voûte d'une meilleure entente entre les nations. Nous avons également étudié avec soin le fonctionnement des diverses commissions nationales de l'UNESCO, établies à l'étranger. 13. Sans la moindre intention critique à l'égard des formules adoptées par d'autres nations, nous croyons qu'on servirait mieux les intérêts du Canada en soutenant les sociétés déjà existantes qui s'efforcent d'atteindre les buts assignés par l'UNESCO, plutôt qu'en créant un organisme nouveau. Nous nous rappelons également une observation qui nous a été faite à propos d'une autre question, et c'est que, puisque nos problèmes diffèrent de ceux d'autres pays, nous ne devons pas hésiter, quand nous le jugeons nécessaire, d'adopter des solutions originales et neuves. Un conseil chargé de stimuler les arts et les lettres au Canada, surtout s'il devait également s'occuper de nos relations culturelles avec l'étranger, remplirait précisément les fonctions d'une commission nationale de 1'UNESCO: il serait le lien unissant les organisations bénévoles canadiennes: il prendrait une part active à tous projets d'éducation populaire, s'intéresserait à la culture sous toutes ses formes et servirait d'agent de liaison en ces matières entre le Canada et l'UNESCO et toutes les organisations internationales qui s'y rattachent. Ce Conseil n'aurait sans doute pas la compétence nécessaire à l'organisation des échanges scientifiques qui forment une partie importante du travail de l'UNESCO; mais, dans ce domaine, il lui serait facile de s'assurer la collaboration du Conseil national de recherches, qui entretient des relations avec de nombreuses sociétés internationales. Bref, nous croyons que la création d'un organisme unique, qui prendrait sous ses auspices tout encouragement à l'effort bénévole dans le domaine des arts et des lettres à l'intérieur du pays, qui stimulerait les échanges culturels avec l'étranger et jouerait en même temps le rôle d'une commission nationale de l'UNESCO, réussirait à nous éviter de coûteux doubles emplois et de dangereux chevauchements, et que cette organisation pourrait acquérir une autorité et un prestige considérables (5). 14. Dans le présent Rapport, nous avons été amenés à souligner à maintes reprises l'indifférence dangereuse qui se manifeste chez nous à l'égard des humanités et des sciences sociales, études essentielles à la préservation de notre formule de civilisation. On nous a exposé, à ce point de vue, que l'établissement d'un Conseil national des humanités et des sciences sociales pourrait avoir les mêmes bons résultats que ceux que l'on reconnaît au Conseil national de recherches dans le domaine de l'encouragement aux études scientifiques. Mais ce rapprochement nous semble trompeur : la valeur de formation générale et le caractère même de ces disciplines (humanités et sciences sociales) interdisent de les isoler artificiellement dans un conseil à part. Et même, comme nous l'avons dit plus haut, il se pourrait fort bien que le triste état où elles se trouvent maintenant s'explique en partie par le désir de les assujétir trop rigidement aux disciplines et à la méthodologie des sciences naturelles. De plus, il nous semble évident que, chez nous surtout, ces disciplines intellectuelles doivent être encouragées, dans une large mesure, par des échanges internationaux et par des contacts plus étroits avec la France, la Grande-Bretagne et les autres nations européennes où l'on entretient pour elles un culte traditionnel. La très importante fonction qui consiste à encourager ces études, au moyen d'un régime souple de bourses d'études et d'octrois, serait le mieux remplie, à notre avis, par une organisation que ses autres fonctions forceraient à se tenir au courant des manifestations culturelles du Canada et de l'étranger, et à rester en contact très étroit avec les universités, en particulier les universités canadiennes, foyers rayonnants de tant de formes de notre activité intellectuelle. En conséquence nous recommandons :
15. Nous avons fait entrer en ligne de compte, dans nos délibérations, toutes les opinions qu'on nous avait soumises concernant la composition éventuelle d'un tel Conseil; nous avons accordé une attention toute particulière aux points de vue des artistes et des écrivains canadiens, qui ont demandé que ce Conseil représentât leurs diverses organisations professionnelles. Nous ne saurions nous ranger à cet avis. Nous estimons que les membres d'un organisme d'orientation, chargé d'éclairer plusieurs aspects complexes de notre vie nationale, doivent être en mesure d'aborder tous ces problèmes dans un esprit entièrement libre, dégagé de toute obligation envers une organisation ou un groupe donnés. Notre point de vue se renforcit, à cet égard, de la décision que nous avons prise de recommander l'établissement d'un organisme unique chargé des diverses fonctions que nous avons exposées, fonctions que ne saurait remplir parfaitement un organisme rigidement représentatif. Cela ne veut nullement dire qu'un artiste, un musicien, un écrivain, un humaniste ou un sociologue ne puissent être appelés à siéger au Conseil; mais, s'ils y sont nommés que ce soit comme citoyens du Canada et non comme délégués d'organisations ou de professions, ou d'un art spécialisé. En outre, nous jugerions malheureux que ce Conseil canadien devînt, en un sens quelconque, un département de l'administration, mais nous nous rendons compte que, puisque cet organisme dépensera des deniers publics, il doit être réellement responsable envers le gouvernement et, par conséquent, envers le Parlement. 16. Il tombe sous le sens que les membres de ce Conseil devraient posséder, individuellement et comme groupe, les qualités particulières qui leur permettraient de s'acquitter de leurs responsabilités envers les arts, les lettres, les humanités et les sciences sociales au Canada, et de rendre en même temps le plus efficaces possible les relations culturelles du Canada avec l'étranger. Pour mener à bien ses tâches complexes et variées, le Conseil canadien devrait sans doute se diviser en comités permanents, dont les membres seraient désignés en raison de leur expérience et l'objet de leurs préoccupations; toutefois, à notre avis, ce serait en tant qu'entité unique que le Conseil aborderait les questions relevant du domaine de l'UNESCO. En conséquence nous recommandons:
17. À notre avis, il ne serait pas indiqué que des fonctionnaires du gouvernement fédéral fassent partie du Conseil; mais celui-ci aura sans doute souvent besoin de l'avis éclairé de divers ministères. De même, nous sommes convaincus qu'il fera appel à l'expérience et aux connaissances de particuliers et de sociétés bénévoles, spécialisés dans la musique, les lettres et les arts créateurs etc. Peut-être lui faudrait-il créer, à cette fin, des comités consultatifs. Nous considérons comme un facteur d'importance particulière que, pour tous les problèmes qui ont rapport à l'UNESCO, le Conseil travaille dans la collaboration la plus étroite avec les sociétés bénévoles qui peuvent, de fait, devenir les organes d'exécution de l'UNESCO au Canada, et avec certains ministères, y compris ceux des Affaires extérieures et des Finances. En conséquence nous recommandons :
18. Nous ne croyons ni pratique ni utile de délimiter avec trop de précision toutes les attributions du Conseil. Néanmoins, ce que nous avons dit précédemment de ses fonctions montre avec toute la clarté désirable que certaines de ces obligations sont précises et bien définies, tandis que d'autres ne peuvent qu'être indiquées dans une directive d'ordre très général, que le Conseil traduira en lignes de conduite particulières à la lumière de l'expérience qu'il acquerra dans la pratique. 19. Parmi les fonctions qu'on peut définir avec quelque précision, se placent d'abord celles qui rapprocheraient le rôle du Conseil de celui que pourrait jouer une commission nationale de l'UNESCO. La constitution de l'UNESCO et la pratique des divers États membres nous portent à croire qu'une commission nationale, pour remplir les fonctions qui lui sont propres, ainsi que nous l'avons noté, doit établir des rapports étroits avec toutes les sociétés bénévoles intéressées et organiser des contacts entre elles, ainsi qu'entre ces sociétés, le gouvernement du pays et l'UNESCO. En conséquence nous recommandons :
20. Nous avons traité d'une autre des fonctions bien précises du Conseil dans nos recommandations sur les bourses d'études; nous y revenons dans le présent chapitre. Nous avons recommandé que l'expérience du Conseil national de recherches, dans l'octroi de bourses, soit attentivement étudiée par ceux qui auront à prendre une initiative analogue en faveur des humanités et des sciences sociales. Il ne s'ensuit pas qu'on doive imiter servilement le plan actuellement mis en oeuvre; mais, plutôt, que le Conseil canadien, tout comme l'a fait le Conseil national de recherches, procède pas à pas, en collaboration étroite avec les autorités des universités et les sociétés bénévoles qui s'occupent de ces questions. Il est de la plus haute importance que les fonds affectés à ces bourses soient employés sagement, non seulement pour éviter tout gaspillage mais aussi pour gagner, à ce nouveau plan, la faveur du public et le prestige qu'il mérite. 21. Dans le présent chapitre, nous avons indiqué, au moins implicitement, une troisième fonction utile et même essentielle du Conseil canadien, lorsque nous avons constaté qu'il n'y a pas, chez nous, de centre d'information, chargé de répondre aux demandes de renseignements venant du Canada ou de l'étranger, sur les questions relevant des arts, des lettres, des humanités et des sciences sociales. Nous avons déjà recommandé que le Conseil canadien assume les fonctions d'une Commission nationale de l'UNESCO; à cette seule fin déjà, il nous paraît évident qu'un centre d'information bien organisé s'impose immédiatement, puisque les commissions nationales de l'UNESCO se consacrent en grande partie à recueillir les données les plus diverses sur tous les aspects de la vie nationale, en vue de faciliter une collaboration affective à l'exécution du programme général de l'UNESCO. En outre, ce centre se chargerait du soin de répondre aux demandes de renseignements qui parviendraient du Canada ou de l'étranger, sur les questions relevant du Conseil canadien, tâche que, par le passé, on laissait en grande partie aux sociétés bénévoles. En conséquence nous recommandons:
22. Nous ne nous étendrons pas sur les autres fonctions qui incomberaient au Conseil canadien. Dans toute la première partie de notre Rapport, nous avons souligné quelques-unes des imperfections et des faiblesses de notre équipement national en tant que pays civilisé. Certaines d'entre elles remontent très loin dans notre histoire. Dans ce chapitre-ci, nous avons exprimé notre conviction qu'un organisme central, appuyé financièrement par le gouvernement fédéral mais jouissant de pouvoirs étendus et d'une large autonomie, pourrait remédier à un grand nombre de ces carences. Tout comme lord Keynes, nous croyons que « l'encouragement et le soutien financier de ces arts civilisateurs de la vie », sont du ressort de l'État; et nous sommes persuadés que le Conseil dont nous proposons la création constituerait un moyen efficace de fournir cet encouragement et cet appui. Les méthodes qu'il adoptera pour y parvenir seront fonction de bien des choses, notamment de la mesure où, par des décisions sages et pratiques, le Conseil s'assurera la confiance du peuple canadien. Nous croyons utile cependant, d'indiquer tout de suite certaines autres fonctions que, dans notre opinion, le Conseil pourrait exercer. En conséquence nous recommandons :
23. Nous n'avons pas la candeur de croire qu'on obtiendra à bon compte les résultats que nous sommes en droit d'attendre de la création du Conseil canadien. Dans l'introduction à la deuxième partie de notre Rapport, nous avons dit que, pour obtenir une culture de plus haute qualité et de meilleure venue, nous ne devrons pas lésiner sur la dépense. Il va de soi que le régime de bourses et de récompenses que nous préconisons, et l'extension de l'oeuvre de l'UNESCO au Canada, coûteraient des sommes considérables. Nous avons noté également que c'est en grande partie sur les efforts des sociétés bénévoles que reposera l'oeuvre du Conseil; celui-ci trouvera donc sans doute de son intérêt le plus immédiat de leur accorder de modestes subventions pour rendre son propre travail efficace et pratique. De plus, le Conseil canadien devra pouvoir s'assurer les services d'un personnel compétent et son secrétaire, ou son fonctionnaire de rang le plus élevé, aura des responsabilités qui ne seront pas moins importantes que celles de la plupart des sous-ministres. De la sorte, pour que le travail du Conseil en vaille la peine, il y aurait forcément dès le départ certains frais fixes. Le résultat de ce travail dépendra, il va sans dire, de la sagesse et de la modération avec lesquelles le Conseil saura répondre au besoin réel du pays pour un organisme de ce genre; s'il y réussit, nous sommes convaincus que l'opinion publique soutiendra toute action du Parlement en vue de lui fournir les fonds nécessaires à la continuation de sa tâche. Nous ne saurions citer ici de chiffres précis; mais il nous semble que le Conseil s'acquitterait efficacement de ses fonctions diverses avec un budget annuel qui n'imposerait à la population canadienne qu'une charge supplémentaire des plus minimes. Nous osons croire que nos concitoyens trouveraient un placement de ce genre modeste, par rapport au rendement qu'ils pourraient en attendre.
*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé. |