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CHAPITRE XVI*L'UNESCO[287]Les rapports entre le Canada et l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, ainsi que l'opportunité de créer une commission nationale de l'UNESCO et la forme à lui donner, le cas échéant, représentent sans doute la plus difficile et la plus complexe de toutes les questions dont notre mandat nous confiait l'examen. Au cours de notre enquête, nous avons analysé la constitution et le fonctionnement de l'UNESCO, ainsi que la nature de la trentaine de commissions nationales auxquelles les relations avec cet organisme ont donné naissance dans d'autres pays. Nous avons également dépouillé les nombreuses revues consacrées aux affaires internationales et qui ont publié occasionnellement des articles traitant de l'UNESCO d'une manière instructive et variée. Enfin nous n'avons eu garde d'oublier les quelque 70 mémoires, présentés par des sociétés bénévoles canadiennes et traitant de la question plus ou moins à fond. 2. L'UNESCO a su trouver des partisans chaleureux, se recrutant naturellement dans les pays démocratiques. Leur enthousiasme peut sans doute s'expliquer par bien des raisons. Son objectif fondamental est une paix universelle obtenue par des moyens pacifiques. Ces moyens consistent surtout en conférences et en échanges internationaux divers, et correspondent aux aspirations sociales et intellectuelles des gens. D'autre part, l'UNESCO ne se borne pas à poursuivre des buts aussi exaltants qu'estimables ; elle invite même l'homme moyen à participer à cette poursuite. Elle contribue d'autre part à alléger le sentiment de frustration chez ceux qui, connaissant trop bien les résultats de la guerre, n'en peuvent saisir les causes. Elle est le terrain d'élection des idéalismes de la démocratie; chacun peut être utile à son action et se laisse persuader de l'utilité de sa participation, si minime soit-elle. L'un des témoins nous assure que, même dans une civilisation qui tend de plus en plus vers une forme de vie plus collective, il est encore possible à l'individu de faire entendre sa voix et de témoigner d'une certaine initiative. L'UNESCO sait lui prouver que l'exercice de cette initiative constitue non seulement son droit mais encore son devoir. 3. Et cependant, comme on nous l'a rappelé, l'UNESCO plus qu'aucune autre institution internationale, a été en butte à des attaques venant de tous côtés. Ses fondateurs, professant dans leur enthousiasme que « les guerres commencent dans l'esprit de l'homme » lui donnaient, pour champ d'activité, l'esprit de l'homme. Mandat qui s'est révélé d'une ampleur exagérée. À ses modestes débuts, l'UNESCO avait, dans ses dossiers, 147 projets; mais d'autres vinrent, qu'on ne put écarter, car, même s'il s'agissait d'une question comme celle de l'influence des hautes altitudes sur la fécondité du bétail, comment prouver victorieusement, qu'elle ne se rattachait pas, de quelque manière, à l'esprit de l'homme? Cette universalité des initiatives a entraîné des frais d'administration très élevés. On rogna bien sur le budget; mais, pour y arriver, on réduisit le champ des travaux plutôt que les effectifs du personnel administratif. On accuse en conséquence l'UNESCO de s'adonner à la logomachie, d'organiser trop de conférences, d'élaborer trop de plans et, finalement, de n'aboutir qu'à peu de chose. 4. On reproche encore à l'UNESCO d'entreprendre trop de projets conçus par des hommes pour qui les longues déclarations ont autant de valeur que les résultats pratiques. Elle a mené une enquête sur « les caractères distinctifs de la culture, de l'idéal et du droit dans différents pays... afin d'accroître le respect de chacune des nations pour les idéaux de toutes les autres ». Ce qui amena un esprit sarcastique à remarquer qu'il y a des idéaux qui ne sont pas respectables (1). Les enquêteurs n'en décidèrent pas moins de réaliser le projet d'une Histoire scientifique et culturelle de l'humanité. Quant à « l'enquête sur les concepts fondamentaux de liberté, démocratie, droit et légalité, et sur l'influence que leurs diverses interprétations peuvent avoir sur les controverses idéologiques », elle aboutit à la conclusion que, si par bonheur tous les hommes d'aujourd'hui vénèrent la démocratie, par malheur, les conceptions que l'on a de la démocratie sont très divergentes (2). 5. Tous les projets de l'UNESCO ne sont pas si nébuleux, mais les plus populaires d'entre eux, comme le Drapeau de l'amitié ou le Journal international des enfants, même aux yeux les plus bienveillants, semblent offrir un caractère de frivolité. 6. L'UNESCO s'attire la critique, en outre, non seulement par ses projets transcendants mais aussi par son insistance exagérée à prétendre qu'ils servent toujours la cause de la paix. Un des critiques de l'UNESCO, et qui ne lui est pas hostile en principe, fait remarquer que, si apprendre à lire et à écrire est un premier pas sur le chemin de la connaissance, ce peut être aussi l'acheminement vers l'esclavage intellectuel et politique, comme la chose s'est produite de notre temps en de vastes régions du monde. Les relations culturelles internationales, qui consistent dans l'échange de tableaux, de musiciens, d'acteurs ou de ballerines, sont profitables, mais n'aplanissent pas nécessairement les divergences politiques entre nations. Seuls quelques fanatiques prirent moins de goût à la musique allemande ou italienne après 1940. On se rappelle aussi qu'au 18e, siècle, alors que ces deux nations se livraient une lutte à mort pour la suprématie coloniale, la France et l'Angleterre ont manifesté pour leurs productions respectives, dans le domaine de la culture, une admiration réciproque plus vive que jamais auparavant, et qui n'a peut-être jamais été dépassée depuis ce temps. 7. Les censeurs de l'UNESCO ne se bornent pas à l'accuser de concevoir des projets utopiques et de se livrer à des prétentions exagérées. Ils s'en prennent aux fondements mêmes de sa position philosophique. L'UNESCO croit, en effet, que « les guerres commencent dans l'esprit de l'homme » et qu'elles s'aboliront d'elles-mêmes lorsque cet esprit sera guéri par une thérapeutique appropriée. Hypothèse à première vue séduisante, prétendent-ils, mais qui se fonde sur une confusion entre les deux sens du mot « esprit » ; ce mot peut embrasser toute la nature spirituelle de l'homme ou ne signifier que son intelligence. Les gens de l'UNESCO adoptent, dans la formule citée plus haut la première acceptation du terme et s'en tiennent à la seconde dans l'élaboration de leurs projets. Lors de la Conférence de l'UNESCO tenue à Paris, sur les 27 orateurs inscrits, il s'en trouva onze pour soutenir que l'univers ne pourrait être unifié que si l'on appliquait aux problèmes sociaux l'objectivité des sciences naturelles. Illusion amusante qui rappelle les panacées guérissant tous les maux qui se guérissent tout seuls. « Pouvons-nous prouver scientifiquement qu'une société ne doit pas sacrifier trop de sa liberté en faveur de la sécurité ou trop de sécurité en faveur de la liberté? » Poser la question, c'est la résoudre : même si on réalise l'accord sur un principe abstrait, il n'y aura pas automatiquement accord sur les modalités d'application à des circonstances particulières (3). 8. Nombreux sont ceux qui conviendront de l'aspect superficiel d'une philosophie qui suppose « un caractère purement rationnel à tous les jugements que les hommes portent les uns sur les autres, sur les collectivités, et, enfin, sur le sens de l'existence humaine elle-même » (4). Rejetant tacitement ou ouvertement cette superficialité de pensée, l'homme, de temps immémorial, a élaboré des croyances religieuses que ni la logique ni la science seules ne sauraient démontrer ou réfuter directement. Toutes les formes de civilisation que l'histoire peut dénombrer sont plus ou moins liées à un système de croyances religieuses et à une collectivité donnée. Mais les champions de l'UNESCO, dans leur optimisme, non seulement rejettent mais défient ce fait historique tant est sûre leur attente du succès : « J'ai... foi en l'intelligence humaine car malgré la faillite des religions, des états et des partis politiques, les hommes prennent conscience . . . que la violence est une arme odieuse »(5). Thomas Hobbes avait dit à peu près la même chose; mais de ces prémisses il avait tiré des conclusions qui sembleraient horribles à certains milieux de l'UNESCO. Peut-être ces opinions critiques que nous venons de reprendre ici insistent-elles trop sur les faiblesses d'un organisme qui a tout de même le mérite, dans une atmosphère phère [sic] générale où le cynisme et l'indifférence ont encore trop de place, de reprendre à son compte en l'opposant aux nationalismes dangereux l'une des plus belles traditions spirituelles de l'Europe occidentale. Cette tradition, qui soutient que l'entente et la sympathie entre les hommes constituent une obligation morale commune à tous les êtres raisonnables, si elle reçoit toute son application, peut aider grandement au règne de la bonne volonté et de la paix sur le plan international. Nous ne voulons donc aucunement nous ranger avec les cyniques et les indifférents en citant les critiques qu'on a pu lire plus haut. Au contraire, à la suite des gens éminents que nous avons cités, nous pensons que le fait de reconnaître honnêtement les points faibles de cet organisme doit amener pour autant les esprits sérieux à prendre conscience du devoir qu'ils ont d'en appuyer entièrement les objectifs. 9. Nous avons entendu avec beaucoup d'intérêt ceux qui nous ont exposé la valeur pratique de certains travaux de l'UNESCO et qui nous ont signalé toute son efficacité comme moyen d'éveiller la conscience des gens à leurs devoirs et leurs droits internationaux. Comment imaginer le monde d'après-guerre et son organisation sans une institution particulièrement chargée de favoriser les échanges intellectuels et culturels de tout genre ? Ce serait déraisonnable que de se laisser arrêter par la surabondance des plans et des projets et de ne pas voir les bons résultats qu'ils ont donnés : par exemple, aide en matière d'enseignement aux régions dévastées, missions éducatives aux pays peu évolués, dispositions en vue de la circulation plus facile de livres, bureaux de collaboration scientifique, bourses d'échange et une foule d'autres entreprises bien conçues et fructueuses. En bonne justice, rappelons-nous aussi que les premiers directeurs de l'UNESCO (sous la pression des besoins pressants des pays dévastés et dans la nécessité de s'assurer les services de spécialistes dans tous les domaines) furent poussés à accueillir les projets de toute sorte qui leur étaient présentés avec insistance par des gens dont la collaboration pouvait être précieuse. 10. Depuis cinq ans, l'UNESCO s'efforce de réaliser dans la pratique des projets auxquels aucun budget sans doute ne saurait suffire, et certaines affirmations de ses plus ardents champions lui ont fait beaucoup de tort. Ses amis les plus sûrs espèrent qu'il sera possible de réduire plans et prétentions à des proportions raisonnables et que, regroupant ses forces en un meilleur équilibre, cet organisme pourra poursuivre l'évolution d'une carrière normale. Une administration mieux entendue ferait taire pour une bonne part les critiques; la poursuite de buts précis et accessibles lui attirerait des amitiés qui se tiennent encore sur la réserve. Les échanges intellectuels et culturels entre la Grande-Bretagne et la France présentent en eux-mêmes un intérêt immédiat et bien précis, même s'ils ne peuvent résoudre les brûlants problèmes de l'heure; l'aide du Canada en vue de réduire le nombre des illettrés en Haïti aura des effets utiles aux deux nations, même si elle n'apporte pas la paix à l'univers. La paix, tout comme le bonheur, est le produit complémentaire d'efforts tendus vers d'autres buts légitimes et appropriés. Le grand avantage de l'application des esprits à des fins immédiates et méritoires en elles-mêmes réside en ce que les hommes de bonne volonté peuvent collaborer de tout cur à de telles uvres, quelles que soient leurs croyances ou leur position philosophique. Une telle ligne de conduite aurait cet autre avantage, nullement négligeable, que des personnes aux intentions louables, habiles à conduire des échanges intellectuels et culturels pour le plus grand bien de tous, seront peut-être moins portées à surprendre certains de leurs auditeurs et à s'en aliéner d'autres, par des déclarations incomplètes du genre de celle-ci : « Ce qui rend possibles un accord et une compréhension sincères entre les hommes, c'est que les conceptions de leurs esprits, pour autant qu'elles soient des idées vraies, ne sont que les facettes diverses du même but universel : la Vérité ». 11. Si nous nous sommes permis ces longues digressions sur l'UNESCO, c'est que nous avons constaté que les Canadiens (bien qu'abordant généralement le problème avec bon sens et modération) ont parfois tendance à réclamer qu'on lui donne un appui total sans chercher à comprendre son uvre et les raisons de son activité. Nous avons entendu, à ce propos, de vagues considérations teintées d'idéalisme : « L'UNESCO doit assurer la paix universelle par la compréhension universelle ». C'était là un thème favori. Ou bien (déclaration plus détaillée mais moins précise encore) : « Nous estimons que le concept même de l'UNESCO exprime l'extrême pointe de la pensée philosophique contemporaine ; en d'autres termes, c'est l'expression philosophique de notre position actuelle dans la longue histoire des luttes tendant à assurer la paix au monde ». Plusieurs témoins ont exprimé plus ou moins ouvertement (et l'un d'entre eux, La Conférence catholique canadienne, en termes très clairs) l'avis que la collaboration à cet organisme, même si l'accomplissement d'uvres méritoires la justifie, ne doit pas être interprétée comme l'adoption, par notre pays, d'une philosophie antichrétienne ou, du moins, non chrétienne. 12. Bon nombre de groupements ont eu la franchise d'avouer que leurs connaissances sur l'UNESCO étaient plutôt sommaires et qu'ils ne pouvaient, en conséquence, dispenser ni l'éloge ni le blâme. Ils savent qu'elle se propose d'atteindre la paix par des voies pacifiques; ils savent aussi que le Canada fait partie de cette organisation et qu'il verse une cotisation annuelle importante, et ils sont portés à s'irriter de l'ignorance où ils sont tenus. On se plaint de l'impossibilité d'obtenir les documents publiés par l'UNESCO ou sur l'UNESCO, de la carence du service gouvernemental compétent, qui ne tient pas les organismes bénévoles au courant des travaux accomplis dans les domaines qui les intéressent et, par-dessus tout, du fait que ce sont des fonctionnaires qu'on envoie aux conférences de l'UNESCO et non des représentants du grand public, qui pourraient, à leur retour, contribuer à maintenir les contacts avec les couches de la population auxquelles une telle organisation attache une importance toute particulière. 13. Ces doléances aboutissent en général à la proposition de créer une Commission nationale de l'UNESCO. Les cinquante groupements que nous avons entendus ont fait l'unanimité presque complète sur ce point. Nous leur avons demandé ce qu'une telle commission pourrait ajouter à l'uvre des organismes déjà existants; quelques-unes des réponses que nous avons obtenues sont assez vagues; d'autres ont le mérite de proposer des plans bien définis. 14. Une Commission de l'UNESCO pourrait, par exemple, se charger de propager des renseignements, surtout au moyen d'un service de publication. À l'heure actuelle, les publications de l'UNESCO sont distribuées sans méthode, et le ministère intéressé ne fait pas l'effort requis pour renseigner les sociétés bénévoles sur les travaux de l'organisation. Si les Canadiens s'abstiennent de toute participation à nombre de projets sérieux, c'est que, nous dit-on, ils ne possèdent pas sur ces projets l'information qu'une commission nationale aurait justement pour rôle de répandre. Par exemple, divers groupements qui y prennent de l'intérêt aimeraient être renseignés sur l'aide aux pays arriérés, sur les projets de bourses d'études et les échanges internationaux d'érudits et de savants (6). 15. Ceux qui se ressentent le plus de l'absence au Canada d'une commission nationale de l'UNESCO sont ceux qui s'intéressent aux conférences d'été et aux réunions de discussion. Les organisations pédagogiques et les bibliothèques ont manifesté, envers ce genre de réunions, un souci tout particulier, et elles nous ont exposé les inconvénients actuels avec une netteté parfaite. Ces cours et réunions seraient plus fructueux, si l'on y envoyait des délégués choisis plusieurs mois (peut-être même une année) à l'avance. Il faut s'y prendre de bonne heure, si l'on veut mettre la main sur la personne la mieux qualifiée et lui accorder le temps de se préparer. De plus, des organisations différentes peuvent vouloir participer à la même conférence en y envoyant une délégation collective; problème particulièrement important lorsque les fonds proviennent de sources privées. Souvent, par le passé, l'information se rapportant aux conférences et aux réunions de discussion est parvenue aux intéressés trop tard pour qu'ils puissent s'organiser en temps utile. Il est normal que les organisations et groupements éprouvent une certaine répugnance à faire peser, ne fut-ce que l'ombre d'une critique, sur les personnes qui ont consenti à les représenter à la onzième heure, souvent au détriment de leurs convenances personnelles. Point n'est besoin d'insister sur le fait qu'un tel manque de méthode diminue grandement la valeur de ces importantes réunions internationales pour tous ceux qui s'en occupent, c'est là un inconvénient auquel, au dire de certains de nos témoins, on pourrait aisément porter remède. 16. La participation du Canada à l'activité de l'UNESCO peut se motiver par des raisons purement pragmatiques, mais on nous a énuméré aussi des raisons morales et même juridiques en faveur de l'établissement d'une commission nationale. D'après l'article VII de la constitution de l'UNESCO :
17. D'après cet article, il faut choisir entre une commission nationale et une série de mesures « pour associer aux travaux de l'Organisation les principaux groupes nationaux qui s'intéressent aux problèmes d'éducation, de recherche scientifique et de culture ». Les groupements que nous avons entendus à ce sujet nous ont affirmé que nulle disposition de ce genre n'avait été prise, et nous ont présenté, en outre, des preuves nombreuses de l'incertitude et du manque de logique de la politique suivie par le Canada dans ce domaine. 18. Les raisons militant en faveur de la création d'une commission nationale sont exposées, avec clarté et mesure, par le Conseil canadien des recherches en science sociale :
19. Nous avons, dans nos dossiers, des propositions variées concernant la composition de la commission projetée. L'une voudrait qu'un office canadien des affaires culturelles eût, entre autres fonctions, celle de maintenir les relations avec l'UNESCO. Dix groupes demandent la fondation d'un conseil national des arts, qui, d'une manière ou d'une autre, remplirait plus ou moins complètement le rôle d'une commission nationale de l'UNESCO. Six autres groupements réclament une commission nationale qui représenterait au Canada toutes les institutions des Nations Unies et des organismes associés. Ils font ressortir que l'établissement, chez nous, d'une organisation centrale pour chacune des institutions des Nations Unies causerait d'inévitables chevauchements et de nombreux doubles emplois. L'argument est de poids, surtout au Canada, où tant d'intérêts variés sont représentés par des organisations bénévoles différentes. Puisque l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, l'Organisation mondiale de la santé et d'autres institutions songent à établir des commissions nationales dans chacun des États membres, la prudence ordonne de prévenir tout gaspillage de temps et d'énergie, grâce à la création d'un office central unique, qui aurait des fonctions d'information et de collaboration. 20. Au total, nous avons huit projets émanant de groupements ou de particuliers qui recommandent la création d'une commission nationale distincte pour l'UNESCO et qui offrent des avis quant à sa composition et à ses fonctions. Le plus fouillé et le plus minutieux de ces projets est l'uvre de deux citoyens, s'intéressant de près à l'UNESCO et ayant l'expérience de cette institution. Il préconise la création d'une assemblée générale de quarante-deux membres se réunissant une fois l'an; vingt-quatre de ces membres seraient les représentants d'organisations bénévoles douze seraient délégués par le ministère qualifié et les six derniers représenteraient le grand public. Un comité de neuf membres siégerait trois fois par année et veillerait à la création de comités. Un personnel nombreux formerait le secrétariat (au budget de $75,000) dont le secrétaire général toucherait un traitement de $10,000. Les comités auraient des crédits de $10,000 par année et le budget total serait de $105,000. 21. D'autres plans, moins détaillés et moins précis que celui-là, en suivent généralement les grandes lignes; ils prévoient, tous, une large assemblée, siégeant une fois par an et comprenant des représentants de sociétés bénévoles; ils n'accordent que peu d'attention aux relations que l'UNESCO établirait avec les ministères intéressés; quant aux problèmes des rapports constitutionnels avec les diverses provinces, en matière d'enseignement, ils sont le plus souvent passés sous silence. La plupart des gens que nous avons entendus semblent pencher en faveur de commissions représentatives du type de celle des États-Unis et des pays de l'Europe continentale, de préférence aux petites commissions non spécialisées de la Grande-Bretagne et de l'Australie. 22. Nous conclurons en disant une fois de plus que les organisations bénévoles ont souvent manqué d'esprit critique dans leurs jugements généraux sur les buts et les méthodes de l'UNESCO et qu'elles n'ont que des idées vagues quand il s'agit d'examiner les questions de détail. Elles le reconnaissent volontiers, mais elles attribuent leur ignorance au fait que les services officiels de l'État les ont laissées dans le vague quant à l'UNESCO. L'opinion générale est que cet organisme accomplit un bon travail, que le Canada devrait y prendre une part plus active et qu'il serait plus digne pour notre pays de faire plus que de jouer à moitié seulement son rôle de membre de cette excellente organisation. *Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé. |